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Faut pas faire médecine quand on a la guigne...
8 février 2012

Miam miam miam, it's delicious!

Les patients accueillis dans le Service où je sévis à Châteauvieux-sur-Fleuve, sont avantagés sur beaucoup de points. Je pourrais vous citer notamment:
 - L'encadrement médical exceptionnel, il faut bien le signaler (je sais, mes chevilles enflent quelque peu...).
 - Le personnel soignant, qui outre une franche propension au syndicalisme à outrance (je vous en reparlerai dans un autre billet) est très dévoué;
 - Un cadre privilégié: l'Hôpital ayant un très joli parc et situé au sein d'un quartier résidentiel, certaines chambres ont une vue très reposante.

Pour autant, il y a bien un point où le seuil de perfection n'est pas atteint. Point je pense partagé dans la plupart des hôpitaux publics: la composition des plateaux-repas.

En fait, c'est un peu comme une boîte de chocolats, on ne sait jamais sur quoi on va tomber. Et il n'y a pas de tendance à la moyenne dans la qualité des repas. C'est en fait dichotomique, soit réellement goûteux, soit très mauvais hélas. Cela d'autant plus que nous avons tous nos préférences dont il n'est pas aisé de tenir compte; surtout quand les sociétés préparant les repas sortent des sentiers battus en proposant des barquettes improbables...

En fin d'année dernière, la visite des patients du Service s'étant prolongée, je suis arrivée au moment du déjeûner dans la chambre d'un de mes patients, appelons-le Mr Pasfaim, âgé de 90 ans et bien atteint d'une maladie d'Alzheimer. Les aide-soignantes nous faisaient remonter qu'il ne terminait pas ses plateaux, que l'appétit n'était pas là.
M. Pasfaim avait sur son plateau des barquettes tellement... étonnantes, que je n'ai pu m'empêcher de prendre le plat principal en photo:

barquette_hosto

Tripes à la mode de Caen, donc; et une crème dessert qui avait de faux airs de vomi de félin mal digéré. Tout ce qu'il faut pour mettre en appétit...

Hypocritement, j'en ai profité pour caser quelques paroles d'encouragement:

" - Miam miam miam, c'est délicieux! Quelle chance vous avez d'avoir un repas aussi succulent! Bon appétit alors, M. Pasfaim!"

" - Je n'ai pas faim, Docteur. Mais prenez mon dessert si ça vous dit!"

- Euuuuuaaaaahhhhh, non!" ai-je laissé échapper involontairement. Avec la grimace de dégoût de circonstance, que j'ai tâché de vite réprimer mais qui n'a pas dû échapper à mon patient...

Et M. Pasfaim, tout dément soit-il, me rétorque l'air goguenard:

- "Mouais. C'est délicieux et vous n'en voulez pas hein? "

C'est ainsi que j'ai stoppé l'expérimentation de ma technique d'hétérosuggestion alimentaire...

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