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Faut pas faire médecine quand on a la guigne...
17 mars 2013

Pourquoi je n'aime pas les fax.

Mon début de grossesse a été folklorique, c'est peu de le dire...
Je me suis moi-même prescrit les analyses biologiques que l'on fait habituellement, la pénurie de médecins occasionnant des délais de consultation assez longs chez un gynécologue.
Ainsi, j'ai été de bon coeur un vendredi matin me faire prélever des sérologies en tous genres, et Bêta-HCG de contrôle, dans l'un des deux seuls laboratoires d'analyses médicales de la ville. Pour garder confidentielle ma grossesse, je ne souhaitais pas passer par le laboratoire de l'Hôpital.

Après une laborieuse séquence de ratage de veines (oui, il paraît qu'elles roulent), j'ai bien insisté sur le fait que j'étais le médecin ayant prescrit ces analyses, et que j'allais moi-même en personne venir les récupérer à 18 heures le soir même.
J'avais d'ailleurs pris soin de sortir une ordonnance informatisée depuis le logiciel utilisé dans l'établissement, en effaçant la partie concernant le numéro de fax (dans l'établissement, seuls les secrétariats et bureaux infirmiers en sont dotés).

L'après-midi, affairée à mon activité de consultations, je n'ai pu décrocher sur un appel reçu sur mon téléphone personnel vers 17h15. Je n'ai pris connaissance du message laissé sur mon répondeur à la fin de mes consultations, vers 17h35.

" - Allo, Dr Loose, c'est le Laboratoire; pour vous prévenir que je viens de vous faxer vos résultats de ce matin."

QUOI???????????????

J'ai vu rouge, de la fumée sortait de mes oreilles. Mon cerveau était en ébulliution. A quel numéro cette stupide créature avait pu faxer mes résultats?  Quels yeux indiscrets avaient pu s'y poser?

Folle de rage et d'inquiétude de voir ma grossesse possiblement ébruitée, j'ai rappelé le Laboratoire. La secrétaire, voyant mes taux de Bêta-HCG au plafond, avait jugé urgent de faxer au plus vite les résultats (oh oui, quelle grande urgence, vu que les taux étaient déjà en train de monter sur le bilan précédent fait dans le même laboratoire et mentionné en rappel dans les analyses...).
Mon insistance du matin, sur le fait que j'allais passer directement, n'avait pas été relayée apparemment.
La secrétaire pleine de bonne volonté avait appelé le standard de l'Hôpital, qui lui avait commuiqué comme numéro de fax celui du bureau infirmier du Service de soins. J'étais aux consultations, distantes de plusieurs kilomètres du site principal. J'ai opté, plutôt que de prendre la voiture et débouler comme une furie dans le Service, pour l'option "coup de fil à une amie". J'ai appelé ma collègue, le Dr Laguerrière, afin qu'elle récupère les précieux documets dans le fax.

J'ai eu de la chance, les infirmières de l'après-midi étaient fort occupées du fait de plusieurs entrées de patients; par ailleurs plusieurs documents étaient parvenus dans la machine, les feuilles me concernant étant en bas du tas.

"- Oh, félicitations Dr Loose! Je présume que tu souhaites garder cette information confidentielle. Evite de te faire faxer des résultats à tort et à travers si tu veux qu'elle le reste!"


J'ai donc pris le parti de changer de laboratoire pour mes piqûres mensuelles; et n'ai plus eu de problèmes de ce genre.

Cela m'interroge néanmoins sur le degré de confidentialité que l'on peut attendre des fax. Le personnel soignant est tenu au secret professionnel, mais jusqu'à quel point le respecte-t-il?
J'ai notamment en mémoire, en train de prendre un café au relais-H de l'Hôpital des Flots Bleus, des étudiants en médecine en train de discuter à haute voix du cas de patients dont ils citaient les noms, à portée de voix de visiteurs, familles de patients attablés à proximité.
Je me souviens aussi d'une secrétaire médicale ayant réceptionné par fax un compte-rendu d'hospitalisation concernant un membre de sa famille hospitalisé dans le Service, qu'elle a lu et qui lui a fourni des informations que celui-ci voulait garder secrètes; le médecin traitant désireux de bien faire en nous faxant tous les documents à sa disposition.

Vivement le dossier médical personnel, donc. Parce que 210 millions d'euros plus tard, prix de la confidentialité, il serait intéressant que l'on aboutisse à quelque chose...

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Commentaires
F
Ah, un article polémique ! 210 millions ? De réflexions, rapports et analyses de nos chers politiques ? Ah oui quand même...
Faut pas faire médecine quand on a la guigne...
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