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Faut pas faire médecine quand on a la guigne...
30 septembre 2012

Joies et tourments de la colocation

Dans la thématique du respect de la dignité du patient, il a été question des blouses d'hôpital cet été.
Ce détail m'avait effectivement gênée lorsque je suis passée de l'autre côté de la barrière il y a quelques années. Mais beaucoup moins que la promiscuité d'une chambre à deux lits.
Je parle là d'un ressenti qui m'est personnel. Face à la maladie et la monotonie d'une chambre d'hôpital, avoir quelqu'un avec qui échanger peut être positif. J'ai vu bon nombre de patients nouer de belles amitiés avec leurs camarades de chambrée, s'attrister du départ de l'autre, lui glisser ses coordonnées pou garder le contact. Oui, parfois cela se passe bien.
Tant mieux, au regard de l'exiguité de certaines chambres et de la proximité que cela implique...

Draveil-ChambreDouble-CHEM_038-2

Quand j'étais jeune adulte, j'ai dû subir bénéficier d'une intervention chirurgicale. J'ai donc été pensionnaire pendant cinq jours d'une chambre à deux lits.

Jour 1.
J'ai été comme classiquement, hospitalisée la veille au soir de mon intervention. L'infirmière m'a préparée psychologiquement avant même d'arriver à la chambre.
"Le service est plein et nous n'avons pu vous mettre avec quelqu'un de votre âge. Mais rassurez-vous, la dame avec qui vous partagez la chambre s'en va demain."

Ma colocataire du jour avait dans les soixante-dix balais. Elle m'a bien précisé qu'elle était fatiguée et ne supportait pas le bruit, au cas où je n'aurais pas encore compris mon malheur.

Le soir venu, je n'ai pas pu regarder bien tard la télévision commune aux deux lits. Après avoir visionné goulûment "Questions pour un Champion" (commentaires passionnés inclus), puis les informations sur la première chaîne, ma voisine a émis le souhait de se coucher.
Le son de la télévision même très bas ne convenait pas; la lueur de l'écran la gênait. Ce soir là, j'ai eu droit à une extinction des feux à 20h30. C'était bien rude, j'en avais perdu l'habitude.
Je m'endormais plutôt vers 22 heures et ne me voyais pas rester dans la chambre à écouter ronfler ma voisine.
A l'époque, le téléphone portable commençait à peine son ascension, Facebook et Twitter n'existaient pas encore et je n'avais pas d'ordinateur portable. Dommage, j'aurais pu m'affairer à mettre à l'affiche la désagréable vieille dame.
J'ai donc pris mon baladeur à cassettes (oui, c'était le bon vieux temps...) et ai été m'asseoir sur l'un des sièges dans le couloir. J'ai été rejointe par quelques autres jeunes adultes désabusés et mal lotis.
Les aide-soignantes sont venues nous chasser peu de temps après. Il paraît que nos rires ont perturbé le sommeil d'autres patients qui ont sonné pour se plaindre.

Jour 2.
J'étais sensée me lever à sept heures pour une douche à la bétadine, cheveux inclus. J'appréhendais quelque peu ce réveil pour moi bien matinal.
En fait, c'était sans compter sur le quotidien d'un service hospitalier. Les soignants de nuit qui passent le relais à ceux de jour qui arrivent, les pas, les rires, les chariots que l'on pousse... Et ma voisine de chambrée qui était bien réveillée à six heures et a allumé la petite lampe au dessus de son lit.
Bref, j'étais réveillée.

Chemise d'hôpital à boutons pression. Bien faire attention en passant sur le brancard à ce que le brancardier ne voie pas ce qu'il y a en dessous. Bloc. Anesthésie. Froid. Salle de réveil. Faim. Retour à la chambre.

Bonne surprise: personne à côté de moi. Bonheur.

Jour 3.
Petite journée tranquille. J'ai expérimenté les joies de me faire aider à la toilette, étant encore trop mal en point pour la faire toute seule.
Le chirurgien est passé dans l'après-midi avec l'interne, visiblement satisfaits.
Les bonnes choses étant les plus éphémères, j'ai accueilli vers 17 heures ma nouvelle voisine de chambre.
Au moins, elle avait moins de quarante ans. C'est juste qu'elle ne parlait pas beaucoup. Tant mieux, elle n'a pas râlé sur le fait que je monopolise la télécommande.

Jour 4.
Le plus cauchemardesque de tous.
Lumière dans les yeux. Il est tôt. Ah oui, cinq heures du matin. Une infirmière extirpe mon bras de la douce chaleur des couvertures pour une prise de sang. C'est bref, mais j'ai quand même du mal à me rendormir.
Dans l'après-midi, ma voisine de chambrée a reçu la visite de sa famille. Une grande famille.
Huit ou neuf personnes qui piaillent, rient... L'un des enfants du groupe essaie même de s'asseoir sur mon lit. Je lui jette un regard noir, il s'abstient.
Vu l'exiguité de la chambre, mon malaise enfle. Je sors dans le couloir avec un bouquin en attendant qu'ils s'en aillent. Ce qu'ils ont fait, deux heures après.

Ma voisine a souvent besoin des infirmières la nuit, pour des antalgiques, l'aider à aller aux toilettes, tout ça. J'ai donc eu une nuit rythmée par ces activités.

Jour 5.
La quille.
Je n'ai jamais été aussi contente de rentrer à la maison...

 

Ma mauvaise expérience d'hospitalisation résume bien ce que je pense être le problème principal.
Maintenant, quoi proposer comme solutions?

Tirer le rideau sur ce problème ?
Les chambres doubles sont une nécessité, ne serait-ce que sur le plan économique et organisationnel. Simplement, aux USA ou au Japon, il y a une tradition du rideau de séparation qui permet de se "couper" de son voisin si l'on n'a pas plus d'atomes crochus que ça, ou si l'on veut juste rester au calme, en tête à tête avec sa maladie.
En France, on a des paravents que l'on met en cas de fin de vie en chambre à deux lits, mais les rideaux de séparation sont loin d'être la norme.

De même, concernant la superficie des chambres doubles. Lorsqu'il n'y a que la place d'une table de chevet ou d'un fauteuil entre deux lits, c'est beaucoup trop proche. Peut-être des normes sur les constructions des futurs hôpitaux, avec des chambres à deux lits plus vastes, seraient-elles appropriées.

Hospital-Bed-2

Il y a peut-être des choses à faire en ce sens...

 

Lutter contre les envahisseurs?
Dans des pièces aussi étroites, de surcroit communes, il est difficile de caser plus de cinq visiteurs.
La limitation des visites n'est pas forcément appliquée. Certaines infirmières n'osent pas recadrer, certains patients n'osent pas se plaindre et ne sont pas en mesure de sortir de la chambre s'ils sont gênés.
Je me rappelle avoir visité la compagne du Dr Prof après son accouchement. Les chambres doubles à la maternité sont à mon sens l'aberration suprême, tellement ces moments auprès de son enfant sont précieux, et la présence des proches indispensables. Ainsi, l'Homme Sweet Homme et moi sommes restés juste un quart d'heure, parce que la famille Prof avait déjà quatre visiteurs venus admirer leur petite merveille. Avec les visiteurs de la famille d'à côté, nous craignions de manquer d'oxygène...

Donc instaurer une règle des trois visiteurs maximum en chambre double et s'y limiter, ne serait pas inintéressant.

 

Améliorer le temps de cerveau disponible?
On n'imagine pas à quel point la télévision peut être source de frustrations et de rancoeurs. Avec un seul poste par chambre, il est exceptionnel d'obtenir un consensus de la part des deux patients en termes de choix du programme et d'horaires de mise en route du téléviseur. En général, on a un rapport de dominant-dominé avec l'un des patients qui monopolise la zapette et regarde ce qu'il souhaite; et l'autre qui subit, enrage, et va demander discrètement à l'infirmière d'intervenir.
En cette époque d'avancées technologiques, pourquoi ne pas développer l'installation de deux téléviseurs par chambre avec casques audio? Peut-être même dans un futur proche, aurons-nous des télévisieurs intégrés aux lits (ci-dessous, installation au CH de Valenciennes).

tele-6

 

Il ne me reste qu'à espérer avoir plus de chance lors d'une prochaine hospitalisation. Au pire, j'emmenerai mon pc portable histoire de commettre quelques notes de blog!

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Commentaires
B
Un baladeur à cassettes ? Mais t'as quel âge, alors ?<br /> <br /> <br /> <br /> ...On me signale dans l'oreillette qu'on ne pose pas ce genre de question à une demoiselle...<br /> <br /> <br /> <br /> J'ai vécu également les joies de la coloc en milieu hospitalier, avec un vieux incroyablement bavard. Je pensais que je serais plus tranquille la nuit mais il m'a explosé les tympans avec ses ronflements. Un moteur d'avion, j'avais jamais entendu ça. Déjà que je revenais tout juste du bloc, j'étais dans le pâté total... bref, la nuit affreuse.<br /> <br /> <br /> <br /> Le genre de choses contre lesquelles aucun rideau ne peut lutter...
P
Plus de docteur Loose ? Place au quidam Luck !
D
S'il n'y avait plus de malades, il n'y aurait plus de Dr Loose! :-(<br /> <br /> Le chirurgien à domicile, je vote pour. Il s'agirait de réutiliser le scialytique pour chauffer une pièce à usage de sauna/hammam. Très bonne idée que vous avez là, papistache! ^^
P
Quitte à rêver : un chirurgien qui opèrerait à domicile ? Ou alors interdire par voie de constitution de tomber malade ?<br /> <br /> ;)
Faut pas faire médecine quand on a la guigne...
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