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Faut pas faire médecine quand on a la guigne...
11 mars 2012

Le Diable s'habille en Prada... et va à l'Hôpital.

Parfois, j'aurais préféré être médecin de ville. Au moins, si se présente un patient difficile, on sait que le contact ne durera que le temps du rendez-vous. Et qu'avec un peu de chance, si vraiment la relation est tendue, il s'en ira infliger à un autre confrère le châtiment de le désigner comme médecin traitant.

A l'hôpital, on gardera de longues journées, voire semaines, ce patient avec lequel on n'arrive pas à entrer en relation. Et c'est une source de stress bien conséquente.

Je voudrais vous parler de ma pire expérience relationnelle avec un patient. Il y en a eu , et il y en aura d'autres. Mais je ne risque pas d'oublier Mme Finebouche.

Un matin comme un autre à l'Hôpital, sombre et stressant, j'ai reçu un appel d'un médecin généraliste souhaitant faire hospitaliser une de ses patientes au plus vite. Mme Finebouche, 65 ans, était de ce qu'il me décrivait en très mauvais état général avec une grande fatigue, et ne pouvait rester un jour de plus à son domicile. Elle était veuve, et son fils travaillant la journée ne pouvait s'en occuper.
Il me précise par ailleurs que la patiente ne souhaitait pas transiter par le Service des Urgences. Elle en avait eu selon lui une expérience "désastreuse", rythmée par des temps d'attente "effroyables" seule sur un brancard, sans "personne pour lui proposer un verre d'eau"...

 

Il me restait un lit de femme (dans une chambre à deux lits dont un déjà occupé par une dame) sur une sortie non encore remplacée. Nous convenons d'hospitaliser le jour-même Mme Finebouche en entrée directe, au vu de l'altération de l'état général marquée qui m'est décrite. Etant donné le caractère précipité de l'hospitalisation, je n'avais aucune intention de déranger les autres patients en faisant des changements de chambre. Mme Finebouche allait donc partager la chambre d'une charmante patiente ayant l'âge d'être sa mère, âgée de 82 ans.

La patiente était attendue pour 14h. En fait c'est à 17h qu'elle fait une entrée remarquée dans le Service, suivie de son fils portant deux énormes valises. L'infirmière et moi avons échangé un regard plein d'étonnement: elle pense rester combien de temps, au juste?

Après une première impression faite de surprise; du fait du stock conséquent d'affaires apportées par Mme Finebouche et de sa bonne forme globale, pour une patiente vendue comme diminuée par la fatigue; j'ai vite ressenti un profond agacement.

" - Quoi, je n'ai pas de chambre particulière? Mais c'est scandaleux! J'exige de voir le Docteur".

" - Bienvenue parmi nous, Mme Finebouche. Je suis le Docteur Loose, l'un des médecins du Service.", lui dis-je tout sourire mielleux.

" - Ah. Vous êtes jeune. Vous devez avoir juste fini vos études. Il n'y a pas quelqu'un au dessus de vous avec lequel je peux entrer en contact?"

Ne pas s'énerver. Rester calme. Je suis amour et paix. Zen. 

zen

Après avoir pris sur moi et réussi à gérer Mme Finebouche sur le plan de la chambre double à laquelle elle était vouée, problème récurrent par ailleurs; après avoir tant bien que mal complété mon examen clinique, allongé au possible par la diarrhée verbale de Mme Finebouche qui cumulait à elle seule tous les ennuis de santé de la création, je pensais en avoir terminé avec ce cas problématique.
Que nenni! C'était sans compter sur le potentiel de nuisance infini de Mme Finebouche...
A 18h30 passées, alors que je m'apprêtais à rentrer chez moi, soulagée de ne plus voir ou entendre Mme Finebouche pour au moins douze heures d'affilée, l'infirmière m'appelle en catastrophe.

La mégère exigeante est en train de pourrir sa voisine de chambre par rapport à une odeur d'urine dans la salle de bains.

"- Il y a toutes sortes de populations à l'hôpital, mais je ne pensais pas tomber sur des personnes comme ça, sales et malodorantes. Je veux partir!"

J'ai eu très mal pour la voisine de chambre, qui ne méritait pas le traitement infligé.

" - Très bien Mme Finebouche. Je rappelle votre fils sur le champ pour qu'il vienne vous chercher."

Silence et regard surpris de Mme Finebouche, qui espérait peut-être une autre réponse. Qu'on la supplie, qu'on cède à son caprice en la changeant de chambre?

A mon grand regret, ce n'était que le début des ennuis...

A suivre...

tatie_danielle_12925

 

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Commentaires
D
Chères Soso et Ugly Betty,<br /> <br /> Merci de vos commentaires qui sont bien encourageants! ;-)
S
Merci pour vos chroniques pleines d'humour, j'adore !
U
Je sors de mon huis clos pour te dire un grand merci : c'est mon premier sourire de la journée, ça valait bien un com... :)
Faut pas faire médecine quand on a la guigne...
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