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Faut pas faire médecine quand on a la guigne...
20 avril 2012

L'Hôpital, cette république bananière.

La personne rêveuse et idéaliste que je suis était volontiers choquée, naguère, par les VIP. Ces "Very Important Patients" qui ont une chambre individuelle sans même la solliciter, quitte à déplacer d'autres personnes en chambre double.
Qui peuvent voir leur séjour hospitalier se prolonger sans limitation de durée avec la bénédiction du chef de service.
Dont l'entourage familial peut voir en entretien ledit chef de service à n'importe quel moment.
Bref, des privilégiés dans cet univers médical à deux vitesses.

Je réalise maintenant que cela n'était qu'un moindre mal. Il existe des situations heurtant bien plus la sensibilité.

A Châteauvieux-sur-Fleuve, nous avons un directeur particulièment proche des nantis. Est-il chef d'une mafia russe ? Un parrain sicilien ? Un marabout vaudou ou bien encore le frère caché de Bill Gates pour avoir autant d'accointances avec les notables du département? Nul ne le sait, mais ce qui est sûr c'est que cela donne des situations bien rocambolesques...

Ainsi, nous avions en hospitalisation une petite mamie bien fatiguée, pour laquelle la famille souhaitait une place dans la maison de retraite (EHPAD) publique rattachée à l'hôpital. Par famille, il s'agit surtout de sa fille, médecin à la délégation territoriale de l'ARS (Agence Régionale de Santé).
Mon confrère lui a donc signifié que les choses ne se passent pas de cette manière; qu'il y avait une liste d'attente conséquente pour la maison de retraite sollicitée (une quarantaine de dossiers), et que sa maman devrait retourner à domicile en attendant qu'une place se libère. Ou alors solliciter une place en EHPAD privé où les disponibilités sont plus nombreuses.

A savoir qu'une place en EHPAD public revient à environ 1600€ mensuels (tamponné par diverses aides); pour 2200 à 4000€ en EHPAD privé selon le standing et le degré d'autonomie du résident.
Evidemment, il y a souvent des places disponibles dans le privé vu le coût plus élevé les rendant moins accessibles aux personnes modestes. A l'inverse, les maisons de retraites publiques sont prises d'assaut avec des délais d'attente parfois très longs, s'évaluant parfois en années.

Mon collègue a eu l'air bien bête quand le jour de la sortie prévue au domicile, ce médecin de l'ARS lui a annoncé fièrement que sa maman allait intégrer l'EHPAD de l'hôpital.
Un simple coup de fil au Directeur, a suffi à balayer 40 personnes âgées peut-être plus pauvres et de familles moins prestigieuses, attendant une place depuis parfois plusieurs mois.

Ce qui soulève la question en miroir: aurais-je fait la même chose si c'était ma mère? Peut-être, mais j'aurais eu bien honte. Quelle légitimité peut-on avoir dans sa fonction, quand nos agissements vont à l'inverse de ce que l'on est censé représenter?

Selon que vous serez puissant ou misérable...

les animaux malades de la peste jean de la fontaine

 

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Commentaires
F
Mais tellement vrai ! Et si tu savais que dans un certain service que je connais bien, des chirurgiens prennent des commissions privées, à des gens qui ont droit à la CMU....
Faut pas faire médecine quand on a la guigne...
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